Le désastre de l'ultra fast fashion à Grenoble

Le 21 novembre, la multinationale d’ultra fast fashion Shein a ouvert un point de vente au sein du centre commercial BHV à Grenoble. Cette arrivée s’inscrit dans une stratégie d’expansion agressive d’une industrie écocidaire...
 

👗 Qu’est-ce que l’ultra fast fashion ?

Production accélérée à l’extrême, rotation de collections en continu, fabrication à bas coût reposant sur une main-d’œuvre surexploitée et des matières synthétiques issues du pétrole : ce modèle crée en permanence de la surconsommation en rendant les vêtements aussi éphémères que des produits à usage unique.

🛑 Derrière les prix bas : une exploitation humaine systémique 

Shein s’appuie sur un réseau opaque de sous-traitance en Chine, souvent en dehors de toute régulation sociale. Une enquête menée conjointement par ActionAid France et China Labor Watch¹ rapporte :

  • Des employé·es payé·es entre 0,06 et 0,27 centime d’euro par pièce produite.
  • Des journées de 12 à 14 heures, jusqu’à 72 heures par semaine, en violation du droit du travail chinois.
  • Des femmes parfois moins payées ou non rémunérées, travaillant à domicile avec leurs enfants pour tenir les cadences.

Cette exploitation, loin d’être une dérive, est un pilier du modèle économique de l’ultra fast fashion, qui repose sur la compression maximale du coût du travail pour nourrir un flux permanent de nouvelles références.
 

💥 Un désastre environnemental organisé

Plus de 7 000 modèles sont ajoutés à la vente chaque jour en moyenne, selon un rapport des Amis de la Terre², soit 900 fois plus de produits qu’une enseigne française traditionnelle.

  • En moyenne, Shein admet que les vêtements sont portés pour la plupart moins de 30 fois.
  • D’après son propre rapport annuel sur le développement durable³, Shein a presque doublé ses émissions de CO2 entre 2022 et 2023.
  • Près de 5 000 tonnes⁴ de marchandises sont expédiées chaque jour par avion, aggravant l’empreinte carbone globale.

L’ultra fast fashion contribue aussi massivement à la pollution plastique via les textiles synthétiques utilisés. La plupart sont en polyester, l’une des fibres textiles les moins chères du marché et ce textile synthétique représente à lui seul 14% de la production mondiale de plastique⁵. De plus, tout au long de son cycle de vie (notamment lors du lavage), les vêtements relarguent des microparticules de plastique dans l’environnement. In fine, cela contamine nos sols, rivières, et océans.
 

☣️ Risques sanitaires : des produits toxiques pour les consommateur·ices et employé·es

Un rapport de Greenpeace Allemagne⁶ montre l’ampleur des violations chimiques chez Shein : sur 56 articles testés, 18 dépassent les limites européennes, dont trois vêtements pour enfants. L’ONG a identifié 11 substances dangereuses au-delà des seuils autorisés, avec des cas extrêmes : des bottes de pluie contenant 71 fois le taux de phtalates permis, une veste affichant 3 300 fois le maximum réglementaire de PFAS, du plomb dans la semelle de sandales ou du cadmium dans une chaussure. D’autres analyses relèvent aussi des phtalates très élevés dans des chaussures et un excès de formaldéhyde dans une robe pour petite fille

Avec une production de milliers de nouveaux modèles chaque jour et des délais de fabrication inférieurs à une semaine, Shein alimente un modèle qui enfreint régulièrement les normes européennes, exposant les consommateur·ices (y compris les enfants) ainsi que les employé·es en amont de la chaîne à des risques chimiques importants.
 

✊ À Grenoble : une opposition ferme des Écologistes

Refusant de légitimer cette implantation, le maire de Grenoble, Éric Piolle, a décliné la rencontre proposée par le PDG de Shein, Donald Tang. Il a ensuite écrit au président du groupe SGM, Frédéric Merlin, pour demander la suspension de l’installation :

« À Grenoble, nous refusons d’accueillir une enseigne qui foule aux pieds les valeurs de dignité, d’éthique et de durabilité. »

Les Jeunes Écolos de Grenoble ont également mené plusieurs actions devant la boutique Shein pour alerter sur les dégâts sociaux et écologiques de l’ultra fast fashion. Leur objectif : sensibiliser la population et présenter différentes alternatives locales, tout aussi accessibles

Voir le Communiqué de Presse des écologistes Grenoble :

💡 Nous propositions d’actions concrètes :

Pour celles et ceux qui le souhaitent, Grenoble dispose d’un large écosystème d’acteur·ices engagé·es :

-magasins de seconde main et friperies associatives,
-ateliers de couture et lieux de réparation textile,
-créateur·ices et artisan·es locaux,
-ressourceries et initiatives d’économie circulaire.

🗺️ Nous avons créé une carte des lieux de la mode éthique et abordable à Grenoble version en ligne :

💡 Ces lieux permettent de soutenir l’emploi local, réduire les déchets et redonner de la valeur à nos vêtements, sans imposer un modèle unique de consommation.


📣​ Sinon, retrouvez-nous le 12 décembre à 15h devant le BHV pour une manifestation contre l'ultra fast fashion à Grenoble ! Ce sera l’occasion pour nous de continuer à mettre la pression sur le BHV, de montrer qu’on reste mobilisé-es et fermement opposé-es à l’installation de SHEIN ! L’occasion aussi de partager la super carte des alternatives de la mode éthique et abordable à Grenoble.

 

Sources :

[1] Rapport d'ActionAid France et de China Labor Watch, 2025 : https://admin.actionaid.fr/uploads/downloadFile/915/Rapport%20Shein.pdf

[2] Rapport des Amis de la Terre, 2023 : https://www.amisdelaterre.org/wp-content/uploads/2023/06/decryptage-fast-fashion-vdef.pdf

[3] Rapport annuel sur le développement durable de Shein, 2024 : https://www.sheingroup.com/wp-content/uploads/2024/08/FINAL-SHEIN-2023-Sustainability-and-Social-Impact-Report.pdf.pdf

[4] Quel est vraiment l’impact environnemental de Shein, le géant de l’ultra fast fashion ?, Vert : https://vert.eco/articles/quel-est-vraiment-limpact-environnemental-de-shein-le-geant-de-lultra-fast-fashion

[5] Article ci-dessus.

[6] Rapport de Greenpeace : https://www.greenpeace.ch/fr/story-fr/127640/shein-petits-prix-grands-risques/