Trévoux : un parc à thème à la place d’un site de baignade public ?
A Trévoux, le site de baignade publique « Les Cascades » situé en bord de Saône à deux pas du centre historique a été fermé au début de ce mandat après 22 ans d’existence.
En effet, le maire étant réticent à sa fréquentation par les classes populaires, n’y avait fait aucun investissement depuis 2014...
Une commission municipale avait alors été chargée de penser à l’avenir de ce site. Les élus du groupe « Écologie Citoyenneté Solidarité » voulaient conserver la gestion publique et la vocation éco-ludique du lieu ; ils envisageaient la réalisation d’espaces naturels de baignade, de plantation d’arbres, de restauration de la zone humide afin d’en faire un véritable îlot de fraîcheur et de préservation de la biodiversité pour répondre aux besoins des habitant·es et favoriser l’éco-tourisme en lien notamment avec la vélo-route qui passe à proximité.
Le maire a alors imposé le projet d’une société privé pour en faire un parc d’attraction thématique à base de maquettes animées et sonores de dinosaures. Depuis, le terrain municipal a été vendu dans des conditions juridiquement discutables (paiement étalé sur 12 annuités avec un 1er versement programmé fin 2024).
Dans la foulée, la société Dinopédia y a entamé les travaux, aménagements sans s’embarrasser de mener une quelconque étude environnementale préalable, pourtant obligatoire dans la mesure où le site se trouve dans une réserve de biodiversité, à cheval sur une zone humide et un espace boisé à préserver, tous deux abritant de nombreuses espèces à protéger.
Grâce à l’alerte lancée dès fin 2023 par les élus trévoltiens du groupe « Écologie Citoyenneté Solidarité », et la mobilisation de collectifs locaux – les Tritons de Trévoux et le Collectif Non aux Dinos (CNAD) – avec l’appui des élu·es écologistes du Conseil Régional Auvergne-Rhône-Alpes et de nombreuses associations environnementales, dont le Groupe National de Surveillance des Arbres (GNSA), les rassemblements citoyens, les différents recours juridiques et les demandes de rendez-vous à la préfecture de l’Ain ont fini par aboutir à une interruption des travaux.
Dans son arrêté du 7 mai, la DREAL - Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement du Logement - stipule que « le projet de création d’un parc de loisirs sur la thématique des dinosaures situé sur la commune de Trévoux est susceptible d’avoir des incidences notables sur l’environnement et sur la santé humaine ». La décision administrative fait également état d’une incompatibilité entre le projet et le plan local d’urbanisme.
La préfecture a donc ordonné l'interruption des travaux et les services de gendarmerie sont intervenus sur le site le 9 mai au matin pour faire appliquer cette décision.
Le 29 mai, c’est le juge des référés du Tribunal Administratif qui donne raison au recours porté contre l’abattage de 19 arbres en considérant que l’arrêté interruptif des travaux pris par le maire concernait également ces arbres malgré l'autorisation d’abattage qu'il avait accordé le 4 mars sans qu’aucune évaluation de leur état sanitaire n’ait été conduite.
La mobilisation citoyenne reste intacte sur le terrain.
Une pétition lancée par les élus « Écologie Citoyenneté Solidarité » est à la signature.