PONT DE FLEURVILLE

Harcelé pour avoir défendu la loi : l’acharnement contre un écologiste cache l’échec des départements
Depuis le 7 février, un militant écologiste de Gorrevod est victime de harcèlement par lettres anonymes en raison de son opposition raisonnée au projet de nouveau pont entre Fleurville et Pont-de-Vaux. En un mois, il a reçu sept courriers, certains contenant des menaces explicites et des injures, dont « on va s’occuper de toi » accompagné de son adresse, ou encore « écolo de merde ». La dernière lettre en date se distingue par une tentative maladroite d’intimidation : vingt-huit pseudo-signatures, toutes de la même main.
Cette violence est intolérable. « Notre militant a toujours défendu une approche constructive et ouverte au dialogue. S’attaquer à lui de cette manière, c’est s’attaquer à la liberté d’exprimer un point de vue et au débat démocratique », dénonce Pascal Le Brun, secrétaire départemental des Écologistes de l’Ain.
Les Écologistes de l’Ain rappellent leur position sur ce projet. Le 17 mars 2016, les Conseils départementaux de l’Ain et de Saône-et-Loire ont décidé la destruction du pont actuel et la construction d’un nouvel ouvrage, sans suivre les recommandations de l’étude préliminaire ni réaliser une véritable étude d’impact. Le 18 septembre 2020, l’enquête publique a conclu à un avis totalement défavorable, soulignant dix-sept contre-indications majeures : opposition massive des riverains, irrégularités dans la procédure, surestimation des bénéfices du projet, absence de prise en compte des recommandations de l’Autorité environnementale, impact écologique sur la zone humide du Val-de-Saône, explosion des coûts… Le commissaire enquêteur s’est étonné que l’option d’un simple remplacement du tablier du pont actuel, moins coûteuse et moins impactante, n’ait même pas été étudiée.
Malgré cela, le 28 juin 2021, les préfets de l’Ain et de Saône-et-Loire ont accordé l’autorisation de construire le nouveau pont, en totale contradiction avec ces conclusions. Le 10 mars 2022, le tribunal administratif de Lyon a annulé cet arrêté, jugeant qu’aucune « raison impérative d’intérêt public majeur » ne justifiait de sacrifier des espèces protégées, d’autant plus qu’une alternative existait. Le tribunal a aussi relevé l’écart de coût entre les deux solutions : 22 millions d’euros pour le projet contesté, contre 18 pour la rénovation du pont actuel. Le 30 avril 2024, la cour administrative d’appel de Lyon a confirmé cette décision.
Ce blocage n’est donc pas du fait des écologistes, mais de l’aveuglement des Conseils départementaux, qui s’obstinent à imposer un projet rejeté par l’enquête publique, l’Autorité environnementale et la justice. Leur refus d’examiner l’alternative a conduit à une impasse. Depuis sept semaines, le pont actuel est fermé pour raisons de sécurité, faute d’entretien, plongeant les habitantes et habitants des environs dans des difficultés quotidiennes. « Nous voulons que ce pont rouvre au plus vite, et ce sont bien les Conseils départementaux qui portent la responsabilité de ce retard. S’ils avaient écouté les recommandations des experts et des citoyens, nous n’en serions pas là aujourd’hui », insiste Pascal Le Brun.
Les Écologistes demandent que les décisions de justice et les conclusions de l’enquête publique soient enfin respectées. Les Conseils départementaux doivent mettre en œuvre la solution alternative qui s’impose. Ils exigent également que le harcèlement contre leur militant cesse immédiatement et que les auteurs de ces actes soient identifiés et sanctionnés.
Contact : Pascal Le Brun, secrétaire départemental des Écologistes de l’Ain - 06 59 17 54 09