L'écologie face à l'extrême droite

De gauche à droite Nadine Reux, Jérémie Iordanoff, Nicolas Walder, Claudie Léger et Camille Crespeau.

Comment l’écologie peut-elle contribuer à faire reculer l’extrême droite ?

Une table ronde animée par Camille Crespeau qui a réuni quatre élu·es écologistes représentant différents échelons territoriaux : Nicolas Walder (ministre du canton de Genève), Nadine Reux (maire de Charnècles), Claudie Léger (conseillère régionale Auvergne–Rhône-Alpes) et Jérémie Iordanoff (député de l’Isère).

L’objectif est de se baser sur leurs retours d’expérience pour identifier les leviers entre nos mains, susceptibles de faire reculer l’extrême droite.

I — La démocratie, premier remède à l’extrême droite

Les intervenant·es rappellent que la progression de l’extrême droite s’inscrit dans une dynamique transnationale portée par des mouvements autoritaires. Dans de nombreux pays 

Tout d’abord toustes les participant·es ont souligné qu’on ne peut s’intéresser à la question de l’extrême droite en France sans constater que c’est une dynamique transnationale portée par des courants qui ont pour point commun d’être systématiquement autoritaires. Dans plusieurs pays européens, la montée de l’extrême droite s’appuie sur un affaiblissement des contre-pouvoirs démocratiques, médiatiques et un recentrage autoritaire d’une partie de la droite classique.

  • En Suisse, Nicolas Walder nous décrit une droite économique désormais prête à soutenir l’extrême droite pour préserver ses intérêts économiques et éviter de redistribuer les richesses.
  • En France, Claudie Léger et Jérémie Iordanoff observent la rupture progressive du « cordon sanitaire », que ce soit dans les collectivités (la région Auvergne–Rhône-Alpes) ou à l’Assemblée nationale. Là aussi cela se fait en alliance avec la droite « classique » et les libéraux de centre-droit.

L’extrême droite prospère lorsque la démocratie représentative apparaît fragilisée : institutions instables, effacement de la proportionnelle, pression des médias possédés par des milliardaires, algorithmes opaque des réseaux sociaux.

Une partie du travail des écologistes consiste donc à réaffirmer les pratiques démocratiques, y compris en plaidant pour davantage de proportionnelle, de transparence et de participation citoyenne. Sans oublier bien sûr de s’attaquer aux réseaux sociaux qui sont devenus les premier moyen d’information alors que leurs algorithme sont opaques.

En Suisse notamment malgré l’arrivée au pouvoir d’une droite dure, la gauche et les écologistes sont parvenu·es à limiter leurs projets néfastes en gagnant 14 des 15 referendums organisés sur des grands projets d’aménagement ou populiste. Preuve que la démocratie quand elle est appliquée permet de faire reculer l’extrême droite.

II — Extrême droite vs écologie : un projet protecteur contre un projet dangereux

La montée du vote extrémiste est analysée comme un symptôme de peurs mal accompagnées : peur du déclassement, du changement, des transformations écologiques, du monde globalisé. L’enjeu pour les Ecologistes serait moins d’opposer un discours technique que de proposer un cadre protecteur, fondé sur la sécurité alimentaire, énergétique et sociale.

Plusieurs contradictions du RN sont pointées, notamment son pseudo discours nationaliste. Dans les faits ils sont complaisants envers la Russie de Poutine et ils veulent démanteler l’UE ce qui nous isolerait sur la scène internationale. Le nationalisme est un des terreaux du RN alors qu’en fait géopolitiquement leur projet affaiblirait notre nation. Il ne faut pas s’empêcher de le dire.

À l’inverse l’écologie politique constitue, elle, un projet basé sur des constats scientifiques et sociétaux. Ce projet :

  • articule justice climatique et justice sociale,
  • insiste sur l’effort différencié des plus émetteurs ou des plus riches,
  • propose un horizon collectif  réellement protecteur face aux crises climatiques, sociales et économiques.

Même si on voit bien que le contexte est défavorable, il ne faut pas avoir peur de réaffirmer haut et fort nos valeurs, il n’y a aucune honte à promouvoir l’écologie et la justice sociale.

« Je pense qu'aujourd'hui… il faut rester droit au niveau social et environnemental avec des vraies valeurs, et surtout ne pas avoir peur de les afficher. »
Nicolas Walder, ministre du canton de Genève

III — Le local et le concret : montrer l’utilité de l’écologie

Nadine Reux nous décrit comment, dans les petites communes, les opinions politiques abstraites pèsent moins que la perception des actes concrets. La politique municipale — rénovation énergétique, équipements, participation citoyenne — permet de rendre palpable l’utilité des choix écologistes et de contrer, par les faits, les discours anxiogènes ou fantasmés.

Personne ne remet en cause le fait de végétaliser les rues, d’apaiser les rues aux enfants, de se chauffer au bois plutôt qu’au gaz, de recréer des associations de solidarité et de lien social, etc.

Ces manières de faire au local permettent de montrer concrètement la désirabilité du projet écologiste, loin de la polarisation véhiculée par certains médias.

« Je pense que le meilleur moyen pour contrecarrer l’extrême droite, c’est qu'un maximum de citoyens et de citoyennes écologistes soient mieux représenté·es sur les listes municipales. »
Nadine Reux, Maire de Charnècles

Ainsi, pour nos intervenant·es, développer la présence écologiste dans les municipalités en 2026 constitue un levier essentiel pour réduire l’attractivité de l’extrême droite.

IV — Gagner la bataille culturelle

Toustes les intervenant·es soulignent que la montée de l’extrême droite se joue en premier lieu sur le terrain de l’imaginaire et de la communication.

Iels mettent en évidence trois nécessités :

  1. Documenter et déconstruire les discours extrémistes.
  2. Diversifier les modes d’expression : humour, pédagogie, récits positifs, proximité.
  3. Adapter la communication pour toucher aussi les publics qui ne se reconnaissent pas spontanément dans les codes écologistes.
« On a créé notre outil qui est l'observatoire du Waukisme… pour objectiver les dérives et décrypter tous ces discours. »
Claudie Léger, conseillère régionale Auvergne Rhône-Alpes

On peut aussi y répondre avec humour comme lorsque les élu·es ont proposé d’envoyer Laurent Wauquiez à Saint-Pierre-et-Miquelon en référence à sa proposition d’y envoyer toustes les personnes sous OQTF.

Il s’agit donc moins de multiplier les arguments techniques que de travailler à comprendre ce qui touche les citoyen·nes : quels registres émotionnels, quelle cohérence narrative et surtout quel imaginaire crédible face à celui, très efficace, de l’extrême droite ?

On doit interroger les ressorts psychologiques du vote extrémiste, reconnaissant l’importance d’intégrer davantage de sciences sociales, sociologie, psychologie, rhétorique dans la stratégie politique écologiste.

Cette dimension est encore émergente mais jugée indispensable pour ajuster les récits et les modes d’action, pour parvenir enfin à :

« aller voir tout le monde, serrer les mains à tout le monde… Il faut aller convaincre chacune et chacun. »
Jérémie Iordanoff, député de l'Isère

À retenir

Cette table ronde a montré que la lutte contre l’extrême droite ne peut pas reposer uniquement sur une opposition idéologique. Elle nécessite une combinaison d’outils :

  • Renforcer la démocratie et ses contre-pouvoirs, pour aller vers plus de démocratie et faire en sorte que même si l’extrême droite arrivait au pouvoir elle n’ait pas les moyens de faire ce qu’elle veut.
  • Proposer un récit écologiste protecteur et continuer d’investir la bataille culturelle, avec des récits, des formes variées de communication, de l’humour et une compréhension fine des comportements sociaux.
  • S’ancrer localement par des politiques concrètes et visibles, proches des gens, qui leur montrent qu’au-delà des discours médiatiques, l’écologie est une nécessité pour améliorer la vie des gens et qu’elle est portée par des élu·es conviviaux.

Face à une extrême droite qui ne propose que des réponses simplistes ou contradictoires qui ne feront que créer de nouvelles crises, l’écologie apparaîtra alors comme une alternative systémique, capable de répondre aux crises contemporaines.

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