Subventions supprimées pour bâillonner les associations

La dernière session du Conseil Départemental du Rhône a voté un amendement pour supprimer les subventions d'Arthropologia, de France Nature Environnement et de la Ligue de Protection des Oiseaux, toutes trois sanctionnées pour avoir co-signé un courrier critiquant le projet de port fluvial du Bordelan à Anse.
Dans cette lettre, les 7 associations signataires dénonçaient à juste titre non seulement le coût - estimé à 39,5 millions d’euros ! - mais aussi un projet « qui va impacter lourdement une zone humide, soit l'artificialisation d'une surface équivalente à 30 terrains de football ».
Le président du Département du Rhône, Christophe Guilloteau, a déclaré en séance : « Ils veulent que l’on réduise nos dépenses. Eh bien, on va réduire les dépenses. Ça va être vite fait… J’en ai assez de ces associations de danseurs aux pieds nus, qui viennent nous expliquer ce que nous, élus, devons faire sur nos territoires. […] On ne peut pas prendre l'argent du Département et aller contre les projets du Département. Que ces gens se présentent aux élections, qu’ils se fassent élire et on verra ce qu’ils feront des territoires. Mais moi, je ne suis pas prêt à ce que mes enfants mangent des graines et fassent de la bicyclette tous les jours » - (sic !).
C’est ainsi qu’a été justifié la suppression pure et simple de 80.000 euros de subventions qui devaient – ironie de l’histoire - contribuer à la politique départementale de préservation et de mise en valeur des espaces naturels sensibles...
« En tant qu’association naturaliste nous sommes dans notre rôle de contrepouvoir quand on alerte sur l’impact d’un projet qui va détruire une zone humide », rétorque Hugues Mouret, directeur scientifique d’Arthropologia, dénonçant un écolo bashing simpliste. « Ces zones humides sont essentielles pour la préservation du vivant et on ne sait pas les refabriquer, les compensations ne sont jamais à la hauteur de ce qu’on a détruit ».