Voiron : l’art de la mauvaise gestion dans le projet King Jouet

Le projet d’implantation du siège de King Jouet sur le parking des Frères Tardy à Voiron, présenté comme « exemplaire » et profitable, aboutirait surtout à faire financer par la collectivité la reconstruction de 172 places existantes, pour un coût d’environ 3,87 millions d’euros, soit près de 350 € par ménage voironnais, alors même que 117 places viennent d’être créées à proximité et que le gain réel de stationnement public ne serait que d’une trentaine d’emplacements, avec une dépense supplémentaire.

La société King Jouet souhaite construire son nouveau siège social (175 salarié·es) à l’emplacement du parking municipal des Frères Tardy, qui compte aujourd’hui 172 places, juste à côté de la gare. L’entreprise explique que l’urgence du projet l’empêche de s’installer dans le secteur DiverCité, pourtant situé lui aussi près de la gare, de l’autre côté des voies ferrées.Le discours officiel met en avant un projet « exemplaire sur le plan écologique ». King Jouet affirme vouloir encourager les mobilités douces, mais l’entreprise demande tout de même 100 places de stationnement pour ses 175 salarié·es, et même 140 durant les quinze premières années. La communication municipale insiste sur la « dimension environnementale », évoquant des toitures végétalisées, qui ne concerneraient en réalité qu’une partie limitée d’un seul des bâtiments.

Face aux critiques, le maire défend vigoureusement l’opération. Il affirme qu’elle permettrait la création de « 150 places nouvelles » et qu’il s’agirait d’une « aubaine financière » pour la commune. Pourtant, les chiffres montrent une réalité nettement moins favorable.Actuellement, 172 places existent sur le site. Le projet en prévoit 305. Sur ces 305 places, 100 seraient vendues à King Jouet. Il resterait donc 205 places publiques, soit seulement 33 places supplémentaires. Or, ce renfort de 33 places n’est pas nécessaire : en janvier 2025, 117 places ont déjà été ouvertes à proximité, au parking « Gare Sud ». Elles sont si peu occupées que la Ville a proposé d’en louer 40 à des entreprises pour un usage privé.Lorsque le maire évoque « 150 places nouvelles », il inclut en fait les 100 places achetées par King Jouet, alors même que leur utilisation par le public serait tout au plus ponctuelle, en soirée ou le week-end, sans engagement clair.Sur le plan financier, l’écart entre le discours et la réalité est encore plus marqué. Le coût de construction de chacune des 305 places est estimé par la municipalité à 22 500 €. King Jouet achèterait ses 100 places à ce prix, tandis que la commune financerait les 33 places supplémentaires pour 740 000 €.

Qui va payer les 172 places qui seraient reconstruites parce que King Jouet a voulu s’installer là et pas à DiverCité ? King Jouet ? Non, ce serait la commune. La commune assumerait le coût de reconstruction des 172 places déjà existantes, reconstruction qui n’aurait pas été nécessaire si le projet avait été implanté à DiverCité. Cette facture représenterait environ 3870000 €, soit environ 350 € par ménage voironnais.

Donc, si on résume, la Ville veut construire 100 places et les revendre à prix coûtant à King Jouet. Elle prévoit de dépenser 740 000 € pour construire 33 places dont elle n’a pas vraiment besoin. Elle devrait dépenser 3 870 000 € pour supprimer 172 places afin de reconstruire, au même endroit, 172 places.

Difficile, dans ces conditions, de considérer ce projet comme une « aubaine ».

Les écologistes Voiron-Bièvre