Pollution d’une nappe phréatique de l’agglomération de Grenoble
En cette période où avec le réchauffement climatique nous redoutons la sécheresse, l’agglomération de Grenoble semble épargnée par cette crainte car l’eau est abondante dans notre environnement , une eau pure que nous envient et convoitent même certaines industries. Pourtant une étude menée par Antea-group et dont les conclusions ont été publiées dans le Dauphiné Libéré du 27 janvier 2023 vient jeter le doute. La nappe phréatique en rive droite de l’agglomération est une des plus polluées de France. Elle contient des solvants chlorés et des pesticides industriels qui la rendent impropre à arroser les jardins et les espaces verts. Elle est sous nos pieds à Pont-de-Claix , Échirolles, Eybens, une partie de Saint-Martin-d’Hères et de Grenoble. L’eau potable ne semble pas concernée, dans un premier temps, même si on constate quelques interactions et des traces de pollution d’ailleurs l’étude appelle à la vigilance.
La plate forme chimique source des pollutions
La nappe phréatique de cette partie de l’agglomération est polluée par une décharge de la plate-forme chimique de Pont-de-Claix. Cette décharge existe probablement depuis plus d’un siècle, elle est déjà signalée en 1959. Elle contient des milliers de tonnes de produits chlorés, PCB (polychlorobiphényle)ou Isomères, classés probablement cancérigènes. Cette pollution est connue depuis 1976, mais il a fallu attendre 2008 pour que la DREAL (Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement) demande à l’entreprise concernée, Rhodia, de faire des travaux pour isoler cette décharge des eau de pluie et des eaux souterraines. Puis de nouveau attendre 15 ans pour que les travaux soient envisagés. Ils devraient commencer à l’été 2023 et durer au moins 3 ans selon l’entreprise. Donc cette source de pollution ne sera pas neutralisée avant fin 2026.
Le laisser faire des autorités
Dans la même zone on a pu constater que la plateforme chimique a rejeté pendant des années ses eaux usées juste en face du captage d’eau potable e Grenoble, dite source de Rochefort, malgré la Déclaration d’Utilité Publique (DUP) de 1967 qui interdit tout rejet d’eau polluée « de la Romanche à l’aval de Vizille et du Drac à l’aval de Notre Dame de Commeier » . Six arrêtés préfectoraux pris entre 1976 et 2019 ont permis à la plateforme de contourner cette réglementation et de continuer à rejeter ses eaux polluées malgré la DUP, un vrai « permis de polluer » accordé par les Préfets successifs. Anne-Sophie Olmos, Vice-Présidente de la Métropole de Grenoble en charge du cycle de l’eau, a déjà signalé aux autorités les irrégularités constatées par l’Agence de l’Eau pour contraindre l’État à agir. Devant l’absence de réponse, elle a fait récemment un signalement au procureur de la République pour « activités polluantes non autorisées » . Une action à suivre. La directive européenne qui fixe « l’atteinte du bon état des eaux à l’horizon 2027 » ne sera sans doute pas appliquée dans l’agglomération grenobloise et les habitants vont continuer à s’interroger sur la qualité de leurs eaux au défi de leur santé.
Rédigé par Maryse Oudjaoudi (co-référente du groupe local Les franges vertes) et Danielle Sauge-Gadoud